Avec eLLes
À l’origine, c’est une envie d’aller à la rencontre de ces enfants qui n’ont ni la chance de connaître, ni de pratiquer la danse. Initié en 2004 en partenariat avec l’IFC, l’orphelinat de jeunes filles Moulay Idriss I a été choisi comme lieu d’intervention. L’institut français de Casablanca a contribué par une aide financière à la réalisation du projet sur différentes périodes: d’octobre 2004 jusqu’à juin 2005 et de janvier 2007 à juin 2007.
J’ai ensuite décidé de diriger et de mener le projet, malgré le manque de partenaires financiers, en continuant à offrir des cours de danse contemporaine aux enfants de l’orphelinat.
Jusqu'en 2013, 2 ateliers de danse par semaine ont été dispensés au sein du localD.
Ahlam El Morsli et moi-même étions les 2 enseignantes à intervenir, pour un total de 35 jeunes filles âgées de 12 à 18 ans. La plupart d'entre elles ne sont pas orphelines, mais sont accueillies dans cette structure du lundi au samedi, la majorité des enfants ayant subi des violences familiales ou venant de milieux trop démunis pour pouvoir subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.
La pratique de la danse requiert de la discipline, l’envie d’apprendre et un travail physique régulier.
Les ateliers de groupe permettent aux enfants d’apprendre à être ensemble, à partager leur espace de travail et leurs expériences.
Tout en utilisant différentes disciplines tels que la danse moderne, la danse hip hop, la danse classique, la gymnastique rythmique, les arts martiaux, etc.., le choix de l’enseignement s’est porté sur la danse contemporaine en particulier. En effet, cet art ayant sa propre approche technique et pédagogique, il ne requiert pas de lieu ou vêtements particuliers.
Dans tous les ateliers, l’enfant est amené à créer par lui-même sa propre gestuelle. Le rôle de l’enseignant est de l’accompagner vers une meilleure compréhension de la consigne proposée, de l’aider à persévérer dans sa recherche de mouvement et à savoir appréhender son corps quand les exercices sont plus techniques (comment fonctionne mon physique et que puis-je faire avec mon corps), sans oublier le plaisir de la danse Ce projet s’adresse à des enfants en difficulté:
- précarité
- problèmes familiaux
- absence de cadre structurant
d’où certaines des conséquences rencontrées :
- peu d’attention à l’hygiène
- manque de confiance en soi
- violences physiques et verbales
- agressivité
- manque de discipline
Après 8 ans d'activité au sein de cette structure, une certaine évolution des enfants se fait ressentir, à savoir : un gain de confiance en soi, une meilleure acceptation du travail en groupe, pour certaines la volonté de faire de la danse de manière plus poussée voire professionnelle (il n'y a pas d'école de formation en danse au Maroc, ni de structures de diffusion), une valorisation des individualités, un isolement rompu (rencontre avec les élèves de l'école privée de danse où j’enseigne et partage de spectacle.
Témoignages des enfants
Les heures d’exercices de danse
Premier cours : c’était une étrange sensation, on ne savait pas son sens.On est entrées dans la salle faire connaissance avec le professeur de danse.Et quand on a commencé le cours, j’ai su que j’allais aimer. Pendant les heures de travail, on fait beaucoup de mouvements, et chaque fille donne son avis sur les mouvements et donne des idées.Anne-Lise nous aide pour les mouvements, et elle nous apprend comment les faire, et la musique est assortie aux mouvements.On fait des efforts et on est contentes de ça et on souhaite qu’Anne-Lise reste avec nous toujours et qu’elle nous apprenne la danse car elle est gracieuse et elle aime la danse.
Témoignage de Saida Tijani
Avant on était timide, on ne faisait pas de sport et un jour une dame qui voulait nous apprendre la danse est venue.On l’a aimée, et elle a pris nos noms et prénoms, nous a divisées en deux groupes : un groupe s’entraînant le mardi, l’autre le mercredi.Après le premier cours, nous étions fatiguées, mais on ne l’a pas senti parce qu’on était heureuses.On souhaite que la prof reste avec nous pour toujours.
Témoignage de Imane Chemari
Quand Anne-Lise utilise la musique, on commence à danser selon nos idées. Là , on choisit l’idée et la prof nous aide à la réaliser et on évolue avec cette idée, on y réfléchit ; chacune d’entre nous propose une belle idée et c’est ça notre travail.
Du rêve à la réalité
Quand on a su qu’on allait présenter un spectacle sur scène au théâtre, nous étions impatientes de le présenter avec un sentiment de joie et de peur, mais nous nous sommes tout de suite demandé si on allait présenter un bon spectacle, si le public allait l’apprécier et nous applaudir comme on est .
En arrivant au théâtre pour les répétitions toutes les questions qu’on s’était posées n’avaient plus de sens, un sentiment de confiance s’est installé et nous sommes rentrées dans la loge pour nous changer et nous faire belles.On a alors fait connaissance avec les autres participantes, des filles de l’école de danse, avec lesquelles on a eu du mal à communiquer, mais sur scène on s’est compris ; on s’est beaucoup entraînées ensemble.
Quand le spectacle a commencé, le public a été surpris de notre prestation artistique en danse, et nous avons été surprises par les applaudissements et les encouragements du public.
Quand le rideau s’est baissé, nous n’avons pu contenir notre joie et avons hurlé « oui ! ».
Mot du directeur de l’orphelinat
Le président de l’Association Musulmane de Bienfaisance et les membres du bureau m’ont fixé quatre objectifs dans mes attributions :
Je dois avouer franchement, je n’imaginais à aucun moment que la danse allait contribuer de manière significative à atteindre ces objectifs en même temps.
Effectivement, avec un programme soutenu dans le sport (judo et basket), l’apprentissage de la musique, les excursions et la danse contemporaine dirigée avec brio par Mme Anne-Lise Riscalla en partenariat avec l’Institut français de Casablanca, les pensionnaires se sont métamorphosées, car elles viennent de se rendre compte qu’elles sont, enfin, comme toutes les autres filles...même si elles vivent dans un centre de protection sociale.
M. Mohamed Saidi
Avec eLLes: une présentation publique
L’aboutissement à un projet artistique, la représentation publique, est un des objectifs de ce projet permettant aux enfants d’être valorisés et de stimuler des rencontres sur le plan artistique.
« Tout au long de cette représentation, je m’appuie sur les axes de travail abordés au cours des ateliers de danse et c’est la mise en scène des différentes situations et propositions faites par les enfants ainsi que leur « mise en musique « qui ont retenu mon attention.
J’ai voulu ce spectacle sans titre, sans sujet prédéfini, découvrant au fur et à mesure avec les enfants les sensibilités gestuelles et musicales qu’ils offrent ce soir sur scène.
Enfin, sans interruptions, cette représentation requiert beaucoup de discipline de la part des enfants. » Anne-Lise Riscalla
- Amélioration de la qualité de la vie des pensionnaires
- Suivi scolaire
- Formation professionnelle en cas d’échec scolaire
- Insertion et recherche d’emploi